Les
Sanguinaires sont un des lieux mythiques de la Corse, un de ceux qui ont
inspiré les plus grands écrivains. Bien qu’à quelques encablures seulement d’Ajaccio,
la punta Parata, les Sanguinaires et le capo di Feno demeurent un site sauvage
et d’une beauté à couper le souffle.
Assister au
coucher du soleil ou à son lever sur ce chapelet d’iles au riche
patrimoine historique est un moment fort de toute navigation en Corse.
« Figurez-vous
une ile rougeâtre et d’aspect farouche : le phare à une pointe, à l’autre
une vieille tour génoise où, de mon temps, logeait un aigle. En bas, au bord de
l’eau, un lazaret en ruine, envahi de partout par les herbes ; puis des
ravins, des maquis, de grandes roches, quelques chèvres sauvages, de petits
chevaux corses gambadant la crinière au vent ; enfin là-haut, tout en
haut, dans un tourbillon d’oiseaux de mer, la maison du phare avec sa
plateforme en maçonnerie blanche… Voilà l’ile des Sanguinaires… ».
Le paysage décrit par Alphonse Daudet il y a plus
d’un siècle n’a pas changé. Et les aigles pêcheurs, un temps disparus sont
aujourd’hui de retour.
Un départ du golfe de Lava offre l’approche sans
doute la plus spectaculaire car il permet au détour du capo di Feno d’embrasser
d’un coup la pointe de la Parata et l’ensemble des iles Sanguinaires.
Passez l’anse
de la Figiera, puis la punta di Pierra Rossa pour atteindre le capo di Feno, un
cadre sauvage que domine une tour génoise partiellement détruite.
A partir de là une vue splendide sur la Parata et
les Sanguinaires s’offre à vous. En partant de bonne heure vous profiterez des lumières douces du soleil
levant que vous aurez alors dans votre dos.
Une fois contourné le capo di Feno plusieurs jolies
criques permettent d’accoster, notamment la cala di Fuca, puis d’autres plus
petites à l’entrée de l’anse de
Minaccia. Une navigation en rase cailloux au pied du Feno vous permettra
d’observer des aigles pêcheurs (ou balbuzards), certains au nid.
Passé le village de Capigliolo et la plage de Saint
Antoine, suivez la corniche jusqu’à la
pointe de la Parata et sa tour.
La Parata est le début d’un éperon rocheux que
prolongent une série d’iles: les ilots di Porri (ou ile aux poireaux, une
espèce sauvage qui y pousse), des Cormorans et de cala d’Alga puis la Grande
Sanguinaire proprement dite. L’ensemble est un site classé Natura 2000 et qui
abrite une flore d’une grande richesse, dont plusieurs espèces très rares.
A la pointe se trouvent une tour génoise bien conservée qui date de
1608, à la fin de l’occupation génoise, et, un peu plus en retrait sur les
hauteurs, le sémaphore de la Parata, l’un des cinq sémaphores actifs de Corse.
Celui qui se trouve à l’extrémité de la grande Sanguinaire est aujourd’hui
désaffecté.
Plusieurs explications existent sur l’origine du nom
Sanguinaires : la couleur rouge foncée de la roche (du porphyre) quand le
soleil l’illumine, la proximité de
Sagone (d’où le nom d’iles Sagoneres
sur certaines cartes anciennes, enfin la présence des corailleurs (i sanguinari) dans le passé.
La Grande Sanguinaire (ou Mezzu Mare) , d’une
superficie de 35 ha, est recouverte d’un maquis de cistes et de lentisques. Ce
n’est guère l’endroit où vous trouverez l’ombre.
En son milieu se trouve un phare, le fameux phare des
Sanguinaires. Construit en 1845, il fut habité jusqu‘en 1985. C’est l’un des 5
phares de première catégorie de Corse (voir l’encart sur les phares corses).
A son extrémité sud, outre l’ancien sémaphore
désaffecté, se trouve une autre tour génoise, carrée celle-ci, la tour de
Castellucciu ou Sanguinera di mare.
Prenez le temps de débarquer pour visiter l’ile et
en particulier les ruines du lazaret abandonné qui fut construit au début du 19ème
pour la mise en quarantaine des corailleurs de retour d’Afrique du Nord.
En rentrant sur Ajaccio remarquez en bord de mer
juste avant d’arriver au port la chapelle
des Grecs, qui doit son nom aux grecs installés à Ajaccio et qui y
pratiquaient leur culte avant de s’installer ensuite un peu plus au nord, à
Cargèse.
Encart : Les
phares corses
Le « Programme général d’éclairage des côtes de
France » de 1825 avait organisé systématiquement la signalisation maritime
et prévu l’installation de 51 phares sur le littoral français. Il avait
toutefois omis la Corse. Cet oubli fut réparé au milieu du 19ème
avec la mise en chantier simultanée de 1838 à 1848 de 5 phares de premier rang
en Corse : la Chiappa, la Giraglia, Pertusato, Punta Revellata et
Sanguinaires. Mis à part celui de la Giraglia, tous furent construits selon le même
plan, à savoir une tour carrée centrée sur un logement. Ce dispositif fut
complété dans la deuxième moitié du 19ème par la construction d’une
série de phares moins puissants, dits « de proximité »: Lavezzi,
Pertusato, Pietra et Alistro.
Les phares corses ont la particularité de tous
posséder un poulailler et un local pour
l’âne. Ce dernier faisait partie
intégrante des effectifs. En effet, du fait de l’éloignement et d’un accès
souvent difficile par des chemins muletiers, le ravitaillement du phare dépendait
de lui.
« Au
dehors, le noir, l’abime. Sur le petit balcon qui tourne autour du vitrage, le
vent tourne, en hurlant. Le phare craque, la mer ronfle. A la pointe de l’ile,
sur les brisants, les lames font comme des coups de canon… A minuit nous descendions…Puis
avant de gagner nos lits…le gardien écrivait sur le grand livre du phare,
toujours ouvert : Minuit. Grosse
mer. Tempête. Navire au large. »
Léon Daudet, Le phare des Sanguinaires dans Lettres
de mon moulin
Encart : informations
pratiques
Départ : port Provençal (golfe di
Lava)
Arrivée : port de plaisance d’Ajaccio
Distance: 20 MN (35km) en faisant le
tour complet des iles. Il est
toutefois possible de raccourcir le parcours en mettant à l’eau de la plage de
Saint Antoine à Capigliolo dans l’anse de Minaccia (AR 8NM).
Durée: 7h (4h pour la boucle à
partir du Petit Capo di Feno)
Cartographie : IGN 4153 OT
Accès à l’eau
et stationnement :
Mise à l’eau : au port Provençal au bout de la
D381 sur la plage du village de vacances de Lava au fond du golfe du même nom
(ou à la plage de Capigliolo).
Sortie :
cales du port de plaisance Charles
Ornano à Ajaccio
Sécurité :
Les possibilités de débarquement sont nombreuses en
venant du golfe de Lava une fois
contourné le capo di Feno. Une route permet d’accéder à Capigliolo. Une autre
longe la cote entre la Parata et Ajaccio
Sémaphore: la Parata
Météo marine Corse: canal 79
GSM : attention l’ancien numéro 1616 n’existe
plus, tous les appels sont regroupés sur le 112 qui répercute sur le Cross
compétent
Conditions
favorables :
Prévoir une journée sans vent, les Sanguinaires sont
particulièrement exposées.
Partez tôt pour profiter du soleil levant ou au
contraire tard pour profiter du couchant